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10/10/2023

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Pollutec 23 : Tendances des innovations

Pollutec a ouvert ses portes le 10 octobre pour quatre jours pendant lesquels les professionnels de la transition écologique et énergétique et les acteurs économiques en quête de solutions vont pouvoir échanger et travailler à la mise en place de réponses aux défis climatiques et environnementaux. L’édition 2023 du salon historique de l’environnement rassemble plus de 2000 exposants dans un large spectre d’activités (eau, air, sols, déchets, analyse, matériaux, énergie…), permettant ainsi d’avoir une approche systémique de la transition écologique, en décloisonnant les approches et en identifiant de multiples briques technologiques pouvant travailler en synergie. Le salon est aussi l’opportunité, au-delà des expertises représentées, de présenter de nombreuses innovations qui reflètent les tendances du marché. Tour d’horizon de ces tendances du salon à travers des dizaines d’innovations pré-annoncées.

Pollutec 2023 :

une vision 360° des solutions et leviers

pour la transition écologique et la gestion des ressources

 

Les crises sanitaires et énergétiques, sur fond de crises géopolitiques, puis maintenant une situation sans doute récurrente de crise hydrique (avec son corollaire, les canicules ou l’alimentation) et la perspective de tensions majeures sur des matières premières toujours plus nombreuses à être considérées comme stratégiques, ont mis en exergue la fragilité des modèles de développement économique et social tels qu’ils ont fonctionné pendant des décennies. Ces crises successives et tous les autres enjeux associés, de la qualité des sols ou de l’air et bien sûr in fine de l’évolution du climat, incitent donc à mettre le doigt sur trois réalités qui influencent directement les marchés des éco-technologies.

 

Tout d’abord, de manière contextuelle, ces crises et la sensibilisation croissante aux enjeux climatiques ont profondément modifié la relation aux questions sanitaires et à la notion de risques. L’approche « One Health », une seule santé (humaine, animale, environnementale), transparaît ainsi nettement dans l’édition 2023 de Pollutec de façon très transversale (sur les micropolluants, les microorganismes pathogènes, la qualité de l’air, les microplastiques, la qualité des sols, le confort thermique...). 

Cette vision globale s’exprime aussi dans les solutions. Car la diversité des problèmes à résoudre démontre le caractère systémique des enjeux de transition écologique et énergétique. On ne peut pas ou plus se payer le luxe de ne se focaliser que sur un ou deux objectifs sectoriels (énergie, eau, déchets, sols...). Tout étant interconnecté, on doit au contraire exploiter les synergies entre filières pour porter des stratégies de transition vers plus d’efficience et de décarbonation. Le seul enjeu commun qui aura pour finalité un monde et une société plus durables dans un climat préservé sera celui, plus global, de l’optimisation des ressources, quelles qu’elles soient. 

Le corollaire de cette approche systémique des enjeux environnementaux et climatiques, c’est enfin d’accepter et, mieux, de mettre à profit le fait que les chemins les plus divers permettent d’arriver au même objectif. Pour faire une même route, les véhicules sont plus ou moins sophistiqués, certains sont plus puissants que d’autres qui seront eux peut-être moins chers à l’investissement ou ne feront qu’une étape avant d’être relayés. Les modèles et les moteurs seront différents, certains véhicules embarqueront plusieurs passagers, etc. Une chose est cependant sûre : tous avancent et profitent des infrastructures communes (l’autoroute ou la nationale ou la départementale) pour arriver à bon port. Pour la transition écologique et énergétique, la situation est similaire : de multiples solutions existent, avec des fonctions, des intensités d’effet ou des cibles différentes, mais aussi des coûts et des timings de mise en oeuvre très variables. En outre, les infrastructures de soutien et de réglementation sont largement en déploiement, favorisant l’émergence de solutions nouvelles. On peut donc agir tous azimuts.

 

L’édition 2023 de Pollutec s’inscrit parfaitement dans ces nouveaux schémas d’action systémiques pour la transition écologique et énergétique, la gestion des ressources et la lutte contre le réchauffement climatique, le salon constituant l’événement où sont réunis en un même lieu les différentes briques technologiques permettant d’activer de multiples leviers de progrès environnemental, du petit pas décentralisé mais applicable à grande échelle à la technologie industrielle de rupture aux impacts plus massifs, et ce dans tous les domaines. 

 

Cette notion de « boîte à outils » 360° s’illustre particulièrement bien cette année à travers les innovations et expertises mises en avant par les exposants sur les stands et les conférences et forums. Ce contact d’une offre très diversifiée n’empêche pas de noter quelques tendances de fond dans les innovations qui reflètent les préoccupations les plus prégnantes des acteurs privés et publics, entreprises, industries ou collectivités. 

 

 

 


 

 

Eaux : regain d’innovations en réponse aux enjeux de déficit hydrique chronique

Au sortir de deux années de fort déficit hydrique en France, phénomène largement partagé par l’Europe, qui impacte le quotidien des activités domestiques et économiques, et a dopé la mise en œuvre d’un Plan Eau par l’Etat, le secteur de l’eau déploie sur Pollutec toute une palette de solutions directement en lien avec les objectifs principaux de réduction de la consommation et d’efficience hydrique. Le sujet n’est pas nouveau, le salon ayant toujours porté et mis en avant de nombreuses solutions en lien avec ce besoin d’économies d’eau mais la réceptivité du marché et l’évolution des technologies amènent à de nouvelles solutions toujours plus en pointe. C’est d’abord au plan global que la question de la résilience des territoires face aux problèmes d’eau est posée à l’image de l’outil de diagnostic proposé par Resallience (groupe Vinci) qui permet d’avoir une vision systémique du cycle de l’eau sur un territoire et d’anticiper les évolutions afin de guider vers des solutions d’adaptation et de partage de l’eau. 

Le marché attend ensuite des solutions permettant de faire des économies d’eau, d’autres pour diversifier les approvisionnements et enfin des moyens d’améliorer la préservation, voire la reconstitution des ressources en eau. 

 

Réduire les pertes et moins consommer

En matière d’économies d’eau, le premier thème porteur d’innovations cette année est donc celui de la recherche et de la prévention des fuites sur les réseaux et, plus globalement, de la recherche d’anomalies sur le réseau en lien direct aussi avec les technologies d’entretien et renouvellement des réseaux. Ce domaine est pourvoyeur d’un gros potentiel d’économies d’eau puisqu’on estime en France que les pertes sont en moyenne de 20 % mais avec beaucoup de disparités, certaines pouvant même atteindre 50 % dans quelques collectivités. Le marché de la détection de fuite est ainsi considéré comme à forte croissance pour les années à venir. La montée en puissance d’outils numériques intelligents et connectés et des outils connectés soutient largement l’innovation dans ce domaine, comme on le voit avec des systèmes de détection de fuites basés sur l’IA (Lacroix Group) et, plus globalement, avec des logiciels de relève et d’analyses de données permettant de repérer les anomalies d’un réseau ou d’une section de réseau (Ijinus, Itron, NRW avec Hydrausoft). Côté objets connectés, dans le même esprit que l’offre de Birdz présentée précédemment sur Pollutec, notons aussi une vanne connectée dont on peut suivre l’usure et donc anticiper la maintenance (Tecofi) ou le système acoustique embarqué dans une sphère se déplaçant dans les canalisations (une offre de l’Espagnol Aganova qu’on peut rapprocher d’une expertise proposée aussi par Xylem). Tout cela sans compter sur l’aide à la planification de la rénovation des réseaux servant à cibler les points du réseau les plus susceptibles de générer des fuites, outil encore récent d’Altereo qui monte en puissance sur le marché, ou bien d’autres expertises (HWM, 2F Water, My-Nds par exemple).

 

On retrouve ces notions d’économies d’eau également via des innovations touchant à l’efficience hydrique et donc à la juste consommation d’eau. Un exemple significatif est apporté par la startup Thrasos et sa plateforme d’optimisation des nettoyages industriels. L’innovation est d’ailleurs représentative de l’impact global des solutions puisque cette optimisation entraîne des économies non seulement d’eau mais aussi d’énergie et de consommables de nettoyage. On notera aussi que l’analyse en ligne et temps réel va être une composante essentielle de cette efficience hydrique, par exemple pour garantir l’absence de polluants résiduels (ex : Spectralys).  

 

Accélération de la réutilisation et recyclage des eaux et effluents usés

L’autre grand champ d’économies est bien sûr le recyclage des eaux usées, urbaines ou industrielles qui permet de diversifier les approvisionnements et réduire la pression sur la ressource naturelle. Cette démarche est aussi un impératif économique dans la mesure où elle pérennise des activités industrielles sur des territoires fortement touchés par le stress hydrique. A l’heure où viennent de paraître les premiers textes en France devant faciliter ces pratiques, bien plus courantes dans des pays voisins, Pollutec va constituer une vitrine de choix pour nombre de solutions de traitement et d’innovations récentes permettant effectivement de récupérer des eaux pour des usages secondaires ou en cycle fermé (Acqua Ecologie, Chemdoc, Tree Water, Nereus, Iyaraf, Tergys… mais aussi des approches s’appuyant sur des microalgues avec Algaesys ou NXO Engineering). De plus, les expertises en désinfection finale (notamment UV), traditionnellement présentes sur le salon, constituent également des briques essentielles de cette filière en décollage.

Tant pour le recyclage des eaux que pour les traitements sans finalité de réutilisation, on doit souligner des développements globalement plus vertueux car plus compacts, moins consommateurs d’énergie et de composés chimiques, ou produisant moins de boues. Plusieurs innovations sont représentatives de cette approche multi-objectifs. Cirtec, par exemple, propose de récupérer la cellulose des eaux usées pour la valoriser en molécules pour la chimie verte, réduisant du même coup la production de MES, de boues et la consommation d’énergie tout en augmentant les capacités de la station. Mais on peut aussi citer la startup deeptech Leviathan Dynamics dont la technologie efficiente en énergie de compresseur centrifuge s’applique notamment au recyclage d’effluents, une autre technologie biologique qui permet de doubler les capacités d’une station sans modifier son empreinte au sol (John Cockerill/Stéreau), des unités de recyclage d’eau compactes et mobiles (Acqua.Eco, Chemdoc, BWT…), une nouvelle génération de membranes d’ultrafiltration à la filtration et la perméabilité augmentées, réduisant les coûts, la taille et l’empreinte environnementale (Dupont) ou encore un procédé de séparation des MES et hydrocarbures par airlift sous vide, à très faible empreinte au sol et consommation d’énergie minimale (Coldep). 

La thématique de la production de boues suscite aussi une focale spécifique tant les contraintes grandissantes autour de leur valorisation justifie qu’on en réduise les volumes. Ferr-tech présente ainsi un puissant oxydant simplifiant le recyclage des eaux avec de moindres productions de boues et consommations d’énergie. En aval du traitement, Andritz innove avec une solution basée sur l’IA pour optimiser l’injection de polymères, réduisant les volumes finaux mais aussi l’empreinte économique et environnementale du procédé. Dans le même esprit, Qsenz propose un outil de mesure en continu des MES pour optimiser la déshydratation et les consommables mis en oeuvre. 

Enfin, ces approches de traitement et/ou recyclage d’eaux s’inscrivent dans les stratégies de récupération de matières stratégiques, en couplant récupération des eaux et possible valorisation des éléments extraits. Outre Cirtec déjà cité, Pollutec accueille ainsi par exemple l’expertise innovante d’Ajelis associée à Chimirec, la société Brine Act avec une solution de cristallisoirs permettant de récupérer des sels à haute valeur ajoutée, ou encore la startup SON dont les nanoparticules sont applicables dans la récupération de métaux dans l’eau.

 

Quand on parle de diversification des sources d’eau, il ne faut pas négliger le secteur des eaux pluviales. Sur ce marché relativement mature technologiquement, apparaissent des innovations d’optimisation, qui favorisent l’adoption de cette démarche. C’est le cas par exemple avec Aqualyo, startup issue du monde numérique qui apporte une expertise en dimensionnement intelligent des installations (Go4IoT). 

La problématique eaux pluviales est cependant largement évoquée dans sa dimension de gestion des épisodes pluvieux avec de forts enjeux en matière de ré-infiltration des eaux dans les sols (avec une dimension de dépollution associée) et de prévention des risques d’inondations liés aux épisodes violents plus fréquents. Pollutec offre ainsi une large palette de solutions innovantes sur ces questions avec des innovations dans la gestion des inondations (voir la rubrique « risques » plus loin) et sur les moyens d’infiltration dépolluants, de végétalisation et de désimperméabilisation (Groupe Sapiens, Tencate Aquavia). 

 

 

Matières et déchets : la voie royale de l’économie circulaire 

 

Même si tout est ressource, y compris l’eau ou l’air, l’objectif de gagner en décarbonation, en compétitivité et en souveraineté passe par l’obsession d’exploiter tous les gisements disponibles pour réutiliser et recycler les matières premières. Avant cela néanmoins, il y a toutes les démarches visant à s’affranchir du besoin de certaines matières premières ou permettant d’en consommer moins. Un bel exemple est donné par la startup BeFC qui monte en puissance dans l’industrialisation de la première biopile enzymatique sur support cellulosique mais on peut aussi citer les batteries et groupes électrogènes d’Olénergies. L’accent est cependant mis dans cette édition de Pollutec sur des solutions innovantes qui permettent de parvenir à l’objectif de recyclage maximal, tant en volumes et diversité de flux qu’en qualité des matières premières secondaires. 

 

Toutes les étapes de la chaîne de valeur sont impactées : la collecte, le tri et le recyclage. 

Au plan de la collecte, le mouvement autour de l’optimisation des tournées se poursuit (Unico, Suez, Heyliot) mais on note aussi des fonctionnalités nouvelles pour les bennes et les conteneurs (Az-Environnement, Sulo, Seigerbost) ou le développement de solutions spécifiques aux biodéchets (voir plus loin). L’enjeu tant sur la collecte que sur le tri est axé sur la qualité des flux récupérés et leur massification. Les moyens de contrôle qualité sur conteneur ou embarqués s’appuyant notamment sur l’IA sont ainsi présentés pour la collecte (Ficha, Lixo, Akanthas) complétant d’autres offres innovantes plus anciennes (Terradona par exemple). A souligner que la dimension éducative du geste de tri reste également primordiale, illustrée cette année par un jeu en réalité virtuelle immergeant le joueur dans un centre de tri (Vrai Studio/Recyclage VR) et la confirmation de l’assistant déchet par IA de Trizzy. Enfin, cette tendance d’amélioration qualitative s’étend surtout au secteur du tri qui bénéficie pleinement des apports des nouvelles technologies numériques de vision et d’analyses de données (AMP Robotics, PellencST, Greyparrot, Stage Gate 11…).

 

L’accent mis sur les ressources stratégiques et les plastiques

En matière de recyclage, la notion de ressources stratégiques est largement mise en exergue dans les discours. On peut cependant considérer que les enjeux environnementaux amènent à élargir ce concept. On notera bien sûr les initiatives et expertises relatives à la récupération et valorisation de métaux stratégiques car, sur un marché sous tension pour des questions géopolitiques ou de rareté, la dimension de souveraineté et de vie industrielle est primordiale. D’où l’importance, par exemple, de l’annonce d’une filière innovante de recyclage de batteries par MTB, de la vision européenne apportée en conférence par la délégation allemande sur ce sujet, de solutions de récupération de sels métalliques et composés métalliques dissous (Ajelis, Brine Act…), de l’expertise de WEEECycling ou d’EcoRing, et d’acteurs s’attaquant à des gisements de déchets complexes tels que les mâchefers (Recyf).  Il faut aussi ajouter les solutions déjà évoquées pour les centres de tri permettant de qualifier les flux métalliques et leur ouvrir des filières de valorisation à plus haute valeur ajoutée (Stage Gate 11 par exemple).

Le caractère stratégique peut également venir d’une maîtrise de filières traditionnelles. La pénurie de cartons vécue pendant la crise Covid illustre la variabilité de cette notion de « matériau stratégique » : d’où l’intérêt d’offres de réemploi comme en développe Carton vert.

Mais c’est bien le regain d’initiatives dans le domaine des plastiques qui marque les marchés depuis deux ans, s’illustrant notamment sur Pollutec à travers des solutions de dépolymérisation et/ou conversion thermique des plastiques en composés chimiques, carburants ou gaz de synthèse ((Recycl’Elit, Crymirotech, Wespran, Plastalys (AC Biode), Circularfuels, Earthwake, Sumitomo et autres experts de la pyrograzéification tels qu’Etia, Eqtec, Pyrocore, le club pyrogazéification…), cette voie cochant toutes les cases de la durabilité : l’économie de ressources, la décarbonation et la qualité des composés récupérés. 

 

De nouveaux gisements guidant vers de nouveaux éco-matériaux

Une autre tendance de fond qui se poursuit depuis quelques années est d’attaquer des gisements nouveaux et parfois très spécifiques. Le phénomène est en partie stimulé par l’accélération de la mise en place de nouvelles filières REP (responsabilité élargie du producteur) mais aussi par la nécessité de réduire les coûts de prise en charge des déchets, trouver de nouveaux approvisionnements et globalement décarboner les activités. Le réemploi de matériaux du bâtiment est ainsi au cœur des préoccupations récentes (voir les expertises de Colas, Bouygues, Cycle Up, Waste Robotics…). Parmi les filières originales et innovantes présentées cette année, on notera celle des glassines (support d’étiquettes) converties en matériaux d’isolation (Soprema), la valorisation des membranes bitumineuses (Serfim) ou encore le développement d’un nouveau nontissé hybride cheveux/rPET au service de la dépollution (Ecofhair).

Impossible aussi sur cette thématique de la diversification des ressources de ne pas associer les innovations portant sur des éco-matériaux (bas-carbone) et la chimie biosourcée. Cette tendance forte sur le marché global s’exprime de fait sur Pollutec au travers de très belles innovations sur des matériaux de construction bas-carbone (Materrup, Terenvie, Hoffmann Green Cement), des matériaux biomimétiques (Mama Science), des éco-matériaux valorisant des ressources peu conventionnelles telles que des feuilles d’arbres, du marc de café (Releaf paper, Dongha) ou encore découlant de filières de recyclage (bitume biosourcé issu du recyclage de coproduits papetiers par DRT ou revêtement pour parking à base de caoutchoucs recyclés par Stonegom)

 

Un focus important mis sur les biodéchets

Dans ce grand secteur de l’économie circulaire et des déchets, un secteur florissant en termes d’initiatives et d’innovations est celui des biodéchets pour lesquels la nouvelle échéance réglementaire de collecte s’imposera à tous dès le 1er janvier prochain. Ces innovations concernent l’ensemble de la chaîne de valeur. 

Très clairement, une offre nouvelle se dessine autour de la collecte et du traitement décentralisés, notamment via des solutions de compostage destinées à gérer des apports volontaires de biodéchets (Ortie, Complementerre, Natyw) ou pour des petits volumes au plus proche des gisements (nouvelle offre d’Upcycle, procédé Aeralim en développement chez Ouest Valorisation), ce qui complète l’expertise du marché en microméthanisation et compostage territorial (cf. Biogaz Vallée). Notons aussi l’attention particulière mise sur l’optimisation et le contrôle qualité des filières de traitement. En amont, sur les « soupes » de biodéchets collectées, il s’agit d’obtenir une récupération maximale des organiques lors du déconditionnement (Mavitec), de contrôler des indésirables grâce à l’IA (Cortexia) ou affiner la qualité des « soupes » pour extraire les indésirables (Green Creative, IdealTechnologies). Sur les traitements eux-mêmes, l’accent est mis sur l’optimisation des installations pour gagner en flexibilité, efficacité énergétique et en coût d’exploitation, avec, là-aussi, un recours à l’IA (Nevezus, Purecontrol, Innolab) ou des conceptions spécifiques de réacteurs adaptés à des flux complexes (voir par exemple l’expertise du Belge Anatis, présent pour la première fois sur Pollutec, ou de Sapoval). L’ouverture à d’autres approches de conversion de déchets organiques sera enfin évoquée avec la filière en développement de gazéification hydrothermale (avec GRTgaz et Leroux & Lotz notamment) promise à un bel avenir et permettant de produire massivement du biométhane à partir de flux humides et pâteux, notamment des boues urbaines. Une filière qui rejoint donc les enjeux de transition énergétique et de gaz renouvelables. 

                        
Energie : au cœur de toutes les filières

Difficile de réduire l’énergie à un secteur d’activité tant la préoccupation en matière d’efficience énergétique et de décarbonation irrigue l’ensemble des activités économiques. D’où des croisements perpétuels avec des innovations, comme évoqué déjà dans les domaines des pollutions gazeuses, de l’eau ou des déchets. Mais on trouvera aussi sur Pollutec des solutions innovantes spécifiques aux questions d’efficience énergétique et de production, récupération ou stockage d’énergie dans le bâtiment ou l’industrie. Les innovations dans le bâtiment sont ainsi très diverses. Elles touchent d’abord à la structure du bâtiment (récupération et valorisation d’énergie par bardage solaire par Airbooster) mais aussi à l’isolation et à la régulation thermique via des toitures végétalisées productrices d’énergie (Vegetal-ID/Le Prieuré) ou des peintures thermo-réflectives (Prima Coating, présent pour la première fois sur Pollutec ou Cool Roof France qui vient de développer un robot de nettoyage des toits peints). Côté optimisation du chauffage, on notera l’offre de Speedcomfort tandis qu’en rafraîchissement, il faut saluer l’offre de Caeli Energie arrivée en phase de commercialisation, et pour l’éclairage autonome, la startup Luminov France. L’autoconsommation énergétique, secteur en plein essor, est également visible (Sween, Sireagroup).

 

L’efficience énergétique est aussi au cœur de nombreuses expertises pour le secteur industriel, avec des exemples d’innovation dans la production ou le pilotage du froid et climatisation industriels (Leviathan Dynamics, Purecontrol),  de l’optimisation de la consommation électrique des installations industrielles ou commerciales (Purecontrol, Halias Technologies ou Effienergy, présente pour la première fois sur le salon avec une solution de réduction de la consommation par une régulation de la tension), ou encore de la récupération et stockage d’énergie thermique fatale avec une innovation de rupture du groupe Grims

 

Gaz renouvelables et CO2 : des sujets majeurs sur cette édition

De multiples points d’entrée sont possibles en matière de gaz renouvelables. En complément des expertises en pyrogazéification et gazéification hydrothermale ou encore de la filière déjà évoquée de la méthanisation, on notera la technologie E-Flox de combustion sans flamme, parfaitement adaptée à la valorisation des biogaz, mais on retrouvera aussi les solutions innovantes d’épuration et de liquéfaction (de biogaz, de méthane ou de CO2) de Sublime Energie, Deltalysmais aussi d’Ecospray Technologies, société italienne portant un procédé de micro-liquéfaction de gaz. 

Ces dernières innovations énergétiques apportent aussi une réponse en matière de captage et valorisation du CO2, un sujet majeur sur l’édition 2023 de Pollutec. En lien direct avec la thématique gaz renouvelables, on notera d’abord le renforcement des offres permettant de produire de l’hydrogène décentralisé à partir de méthane ou biométhane avec stockage de CO2 sous une forme solide valorisable (Sakowin, Spark Cleantech). Le stockage du carbone sous forme de biochar est un autre axe largement mis en avant via l’évolution de la technologie de pyrogazéification de MiniGreenPower mais aussi avec les offres de Charwood, Pyrocore, Carbonloop, SylvaFertilis. Cette approche rejoint les enjeux de restauration de la qualité des sols et de leur résilience face notamment aux aléas de stress hydrique, même si d’autres usages industriels sont également développés pour ces biochars ou carbone solide.

Les innovations autour du CO2 ne s’arrêtent pas là, avec d’autres solutions liées au captage dans les flux industriels et dans l’air ambiant. C’est le cas avec la startup Revcoo (approche cryogénique), le groupe Sumitomo (carbonatation en lit fluidisé), Carbodown (déclinaison de l’expertise en lavage-condensation des gaz), AC Biode et son filtre à CO2 convertible ensuite en verre ou enfin WCE Process (captage et valorisation du CO2 dans les chais ou les brasseries). Une dernière tendance tient au développement de nouvelles offres dans le domaine du captage de CO2 par microalgues et autres végétaux, à l’émission ou en air ambiant (Syklea, Biomitech, FiltroVivo) rejoignant aussi la problématique de l’amélioration de la qualité de l’air. 

 

 

Les sols, la biodiversité et l’aménagement : un capital mieux évalué

Quand on parle de ressources, on voit aussi par l’offre d’innovations 2023 l’importance de replacer au centre des débats celles qui concernent la biodiversité et les sols. Pour ces derniers, déjà au cœur des stratégies de stockage de carbone (notamment via le biochar évoqué précédemment), l’innovation touche beaucoup la restauration de leur qualité. On parle d’abord de remédiation des friches et terres polluées, opérations pour lesquelles des gains sont enregistrés en matière d’efficience. C’est le cas des technologies analytiques mobiles renforcées pour mieux cibler les pollutions (Tellux, Vinci avec le Quick Soil Analysis), des procédés à la consommation énergétique réduite (désorption avec brûleurs décentralisés de Termico) ou encore des avancées biotechnologiques de dépollution (biodégradation des microplastiques par Biological System). 

Une nette tendance va aussi à la renaturation, restauration, voire reconstruction de terres fertiles et végétales. Notons à ce sujet les offres autour de la production de terres végétales à partir de déblais ou stériles (voir les startups Terre utile et Terres fertiles mais aussi les expertises de Terra Innova, Vinci dont une filiale a récemment présenté le concept Orizome, mais aussi le living lab Crisalid, Setec, Microhumus, Valorhiz, etc.). Pour compléter ce panel, la startup Rhizomex est également à suivre pour son approche désormais opérationnelle de traitement de sols envahis par des plantes invasives et représentative de l’enjeu de biodiversité (et d’économie) lié aux espèces invasives, mis en exergue tout récemment par un rapport remis au gouvernement.

L’enjeu biodiversité, au-delà du thème des espèces invasives et du large travail sur la renaturation des sols, s’exprime aussi cette année sur Pollutec via les problématiques de végétalisation urbaine avec des technologies favorisant ces implantations (Afitex, Vertuo, vegetalID/Le Prieuré), des outils de diagnostic avancés (notamment l’ADN environnemental avec e-BIOM ou Argaly) et un accent mis sur la stratégie forêts pour laquelle un plan national a été adopté (Open Forêt, Weo, Forestor). Sur cet enjeu forêts au fort potentiel de stockage de CO2, il sera aussi pertinent de suivre la proposition de Meersens, spécialiste des données environnementales multi-échelles, d’identifier les risques de feux à venir et leurs impacts afin de les minimiser.




 

 

Les risques sanitaires et environnementaux : une préoccupation omniprésente 

Si le risque incendie est évoqué pour les forêts, au risque d’annihiler des efforts majeurs de réduction des émissions de CO2, il est aussi présent au plan des innovations pour d’autres domaines, notamment celui du stockage d’énergie et, par ricochet, de la mobilité électrique. Plusieurs innovations relatives au stockage sécurisé de batteries sont présentées (Denios, Smartrium) ainsi qu’une solution mobile d’extinction de voitures électriques (CGK). 

 

Avec le changement climatique et les aléas météorologiques plus fréquents, le risque inondations devient lui-aussi plus prégnant. D’où une visibilité accentuée à Pollutec des solutions innovantes. Au-delà des offres de barrières et barrages de protection, le salon permet de découvrir de nouveaux outils de surveillance et  prévention des crues (Vega ou Tenevia - groupe Alcom), des diagnostics de risque et d’aide à la décision pour un territoire (Examo - groupe Alcom, Weo, Resallience - groupe Vinci) mais aussi des outils numériques de modélisation hydraulique et autres outils de gestion des eaux pluviales déjà reconnus (Hydrausoft, F-Reg, Greencityzen).

 

Un fort accent est également visible sur la réduction des risques d’activités industrielles ou du BTP (chantiers ou sites fixes) tant sur le plan des accidents que des nuisances pour les travailleurs ou le voisinage. Pollutec présente plusieurs solutions pour la sécurisation des zones de travail (Brigade Electronics, Blaxtair/Arcure, Blic, CAD42). On peut associer aussi à cette notion de risques sur les chantiers, les outils de détection des réseaux enterrés : plusieurs d’entre eux, novateurs (Rezo Process, radars traceurs de Mimodetect ou de l’Isralien Exodigo représenté par MDS,) permettent en effet de réduire les risques d’endommagement qui sont à la fois un risque économique et de nuisance (coupures intempestives d’électricité ou de services télécom) mais également physique avec les conduites de gaz. Enfin, la dimension d’exposition aux poussières est illustrée par une solution de mousse proposée par Ab-Solu, permettant d’agglutiner les poussières (par exemple lors la manipulation de matériaux secs de type déchets et terres du BTP), une expertise qui rejoint celle déjà connue et éprouvée de Valorhiz de bio-stabilisation des pistes de chantiers. 

 

Cette question des poussières rejoint une tendance lourde des risques sanitaires et environnementaux qu’est la qualité de l’air. Envea présente ainsi l’Airsafe PM, capteur de surveillance de l’exposition à la poussière. Le piégeage des particules est aussi au cœur d’une innovation chilienne de filtre végétal pour capter les particules à l’émission en sortie de chaudières domestiques ou industrielles (Hidrosym), thématique qu’on peut relier aux offres de puits de carbone algaux qui contribuent également, au-delà du piégeage du CO2, à capter des polluants (particules, NOx) et relarguer à hauteur d’homme de l’oxygène (les offres nouvelles de Biomitech ou Syklea). Toujours dans l’air ambiant mais au plan plus global, il sera également intéressant de suivre des expertises et outils permettant d’apporter une aide à la décision dans les politiques sanitaires des collectivités en rapport avec l’exposition des citoyens et/ou par des moyens cartographiques (Meersens, KanopyMed, Bettair Cities), en plus des expertises traditionnellement présentes sur Pollutec sur la modélisation des pollutions aériennes (Aria Environnement, Fluidyn, Numtech etc.) ou les capteurs de suivi (ex : Atmotrack). De manière corollaire, la question des îlots de chaleur urbains avec sa dimension confort des personnes à l’heure où les canicules accentuent la mortalité, fait l’objet d’expertises innovantes sur le salon (offre Revilo de Vinci, WEO, etc.).

La qualité de l’air intérieur n’est pas oubliée et s’illustre par exemple par l’innovation de PureNat, startup qui a développé un nouveau textile photocatalytique, à faible perte de charge, permettant ainsi de coupler dépollution et faible consommation d’énergie pour les systèmes de ventilation. En complément, notons l’expertise de la startup VirexpR en matière de tests grandeur nature d’équipements de traitement de l’air intérieur sur leur capacité à abattre les virus et autres microorganismes pathogènes. 

Le risque microbiologique, remis sur le devant de la scène lors de la crise sanitaire du Covid, est d’ailleurs couvert par d’autres innovations et expertises innovantes sur le salon visant notamment à détecter rapidement ou suivre en continu les organismes pathogènes (WE Group, Bnovate, Proteus Instruments, Microbia). D’une manière générale, on sent d’ailleurs une attention insistante pour les risques liés aux substances dissoutes, polluants chimiques ou micropolluants dits émergents, qui s’exprime en particulier sur le sujet des PFAS, dits polluants éternels aujourd’hui dans le viseur de la réglementation. D’où plusieurs innovations autour des composés PFAS tant au plan de l’analyse, détection et connaissance de ces composés ou d’autres micropolluants (Ecométrique, Antea, Agrolab, Terana, RSK Environnement, Wessling, SGS…) qu’au plan des traitements (Valgo, Sarpi Remediation, NXFiltration, Tree Water). La montée en puissance attendue de la réutilisation d’eaux usées industrielles ou urbaines risque aussi d’augmenter cette attention à la qualité globale des eaux traitées, nécessitant des outils de suivi temps réel, plus précis, et multi-paramètres, tendance illustrée par les annonces de Proteus Instruments et Spectralys et son spectrofluomètre en 3D. On notera enfin que cette préoccupation sanitaire inclut la problématique des micro-plastiques, évoquée sur le salon cette année par plusieurs acteurs (Wessling, Efinor Sea Cleaners, Cortexia, Biological System) tout comme celle des pollutions marines dans leur ensemble (Respect Ocean, V2O Marine, RanMarine, Sea Ocean Cleaners).

 

 

 

 

Intelligence artificielle : un fil rouge pour l’éco-innovation

Economies de ressources et efficience dans les usages, diversification des ressources et enfin préservation des milieux et ressources : toute cette chaîne stratégique et autant de briques technologiques au service de la transition écologique, énergétique et climatique, constituent ainsi un cocktail d’innovations très éclectiques articulables entre elles à l’infini. On distingue cependant un axe d’innovation transversal de plus en plus répandu : celui de l’informatique avancée (intelligence artificielle, machine learning, data sciences) qui irrigue très largement les innovations de tous les secteurs. C’est une tendance forte de l’édition 2023 avec plusieurs dizaines d’innovations et expertises revendiquant cette allégation d’ « AI for green » alors qu’une autre tendance, celle du GreenIT (numérique responsable) est aussi en train de se dessiner sur le marché pour accompagner la croissance du numérique et en sérier les propres impacts.