Actualités
Voir toutes les
actualités

28/05/2021

> Eco-Innovation

Le Rotary Green Startup met à l'honneur des concepts éco-innovants prometteurs

Organisé en avril dernier, le Rotary Green Startup Week-end a réussi son pari pour cette première édition qui a permis de voir huit équipes travailler pendant 54 heures à faire murir des projets d'innovation environnementale et faire émerger de beaux projets de startups.

A tout challenge il faut des gagnants. Donc honneur aux vainqueurs, et en premier lieu au projet Worm Generation (Gold Award et Prix spécial de l'impact écologique) un projet entrepreneurial étudiant mené en Lorraine dans la tendance des fermes à insectes. Un domaine sur lequel, en dépit de la forte émulation exitsant en France, Worm Generation réussit à se démarquer. Co-porté par Vincent Heurtel avec le soutien de l'Université de Lorraine (et le programme du pôle entrepreneurial étudiant PEEL), ce projet s'intéresse aux capacités des vers à farine (ténébrions) à non seulement consommer de la biomasse mais également à dégrader des plastiques. Il a en effet été démontré par plusieurs études d'universités internationales cette capacité des ténébrions à totalement dégrader, sans que ce soit nocif pour eux, des matériaux tels que le polystyrène. D'où l'idée de travailler sur un concept de ferme à insectes pour convertir des flux de plastique (non seulement polystyrène mais aussi du polyuréthane ou polyéthylène) et ainsi produire des protéines alternatives (pour l'alimentation animale notamment), et comme dans les différents modèles de fermes à insectes également des fertilisants avec les déjections de l'élevage. Les co-porteurs du projet qui ont concouru au challenge du Rotary (Vincent Heurtel et Gabriel Van Den Broek, étudiant à Supbiotech) envisagent d'implanter une ferme pilote sur le site de Florange en Lorraine, site qui pourrait traiter des déchets locaux (un partenariat est engagé avec le groupe Valo') comprenant non seulement des plastiques mais aussi des sons de blé et des drèches de brasserie. A ce jour, l'équipe travaille à plus petite échelle sur le procédé, soutenue notamment par la startup lorraine Entoinnov travaillant sur la valorisation par les insectes de coproduits organiques.

Le deuxième prix (Silver Award) est venu récompensé Agriliant, projet normand porté par deux étudiantes de l'école d'ingénieurs UniLaSalle Rouen, Chloé Tinel et Inès Vecten, qui s'intéressent à la problématique des filets et ficelles utilisés pour tenir les balles de paille ou de foin. Ces produits faits aujourd'hui en plastique (PEHD pour les filets et PP pour les ficelles) représentent en France environ 12 000 tonnes par an et sont encore peu valorisés (les ficelles un petit peu et pas encore les filets, même si une filière est en train de se mettre en place - voir l'article paru dans le dernier numéro de Green news Techno - N°351).  Au-delà du fait qu'ils sont à ce jour encore très mal valorisés, ces produits constituent un risque pour les animaux dans la mesure où on estime que 7 %, mêlés aux fourrage, sont ingurgités par les animaux d'élevage, affectant leur santé. L'idée des deux étudiantes ingénieures est donc de développer des liants nouveaux qui seraient à la fois biodégradables et comestibles.
Le défi est de taille puisque les filets et ficelles sont des produits techniques qui doivent répondre à des contraintes fortes à l'usage. Actuellement, les deux étudiantes sont encore au stade de l'étude de faisabilité, mais ont déjà identifié les matières qui pourraient répondre au cahier des charges : 100 % naturels, biocompatibles et surtout égalant ou dépassant la résistance des filets synthétiques (avec une durée de vie de trois ans au moins). Si les essais en conditions réelles de liage s'avèrent conformes aux attentes, l'ambition est de produire des filets en 2023. Pour les agriculteurs éleveurs, ce choix d'un nouveau matériau pourrait nécessiter un effort financier, mais celui-ci pourrait être compensé à la fois par des économies de collecte (actuellement faite par Adivalor), une simplification de l'organisation (pas de séparation à faire lors de la distribution des fourrages en ratelier) et une réduction du risque de problème sanitaire chez les animaux. Notons que ce projet avait aussi séduit en mars le jury du concours Agreen Normandie qui avait doté Agriliant d'un 3ème prix et coup de coeur.

C'est dans un tout autre domaine que le monde agricole ou alimentaire que se positionne le projet ayant reçu le troisième prix de ce challenge. "Emballons-nous" vise à développer une activité permettant de réduire les déchets d'emballage dans le domaine de la blanchisserie. L'idée est de concevoir et fabriquer une housse en tissu réutilisable à partir de chutes de tissu ou de tissu en fin de vie. Les blanchisseries pourraient ainsi proposer à leurs clients cette housse, remplaçant les sacs et films plastiques et participant au respect des règles sanitaires. Les housses pourraient servir  à la collecte du linge sale (dans les institutions de type Ephad, collectivités, les entreprises qui ont des services de conciergerie ou pour les particuliers), l'établissement se chargeant de son nettoyage pour le retour du linge propre. Le projet prévoit aussi la mise en place d'un service de conciergerie et le développement d'une application pour la gestion des commandes de collecte du linge en ligne. Ce projet de conciergerie pourrait démarrer en région parisienne d'ici 2022 avant d'essaimer sur tout le territoire.

A noter dans ce concours deux autres primés, le prix du public remis à "P'tits mousses, projet marseillais qui vise à développer et proposer aux magasins vrac des fontaines de lessives écologiques sans résidus formulées au savon de Marseille et à la lavande (Ecocert, circuits courts) - projet qui doit se concrétiser en 2021 par la fabrication de 5 prototypes de fontaines pour une phase pilote- et le projet Webo, dans le domaine du Green IT. Webo est un assistant virtuel qui analyse l'utilisation d'Internet et conseille afin d'adopter un comportement plus écoresponsable. Il s'appuie sur un développement algorithmique qui permet de classifier les services Internet qui sont utilisés en fonction de l'alimentation électrique des serveurs sollicités et du système de refroidissement du datacenter, et la proposition de services moins polluants alternatifs. L'équipe de Webo entend mener une campagne de financement participatif pour lever entre 25 000 et 40 000 € pour finaliser le développement de l'outil.