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17/04/2023

> Biodiversité

Les invasions biologiques, aussi coûteuses que les catastrophes naturelles

En 40 ans, les pertes financières dues aux invasions biologiques ont été équivalentes à celles des tremblements de terre ou des inondations. Une

Si globalement les acteurs économiques et politiques ont pris conscience de l'importance de la biodiversité, rien de vaut quelques chiffres pour mettre le doigt sur l'urgence. C'est notamment ce que permet une étude approfondie de scientifiques du Cnrs et de l'Université Paris-Saclay, dont les résultats ont été publiés en avril et qui s'intéressent plus spécifiquement aux invasions biologiques, l'un des fléaux de la biodiversité. 
Ces travaux montrent qu'en 40 ans, les pertes financières induites par les invasions biologiques ont été équivalentes à celles provoquées par différents types de catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre ou les inondations, et bien supérieures à d'autres phénomènes comme la sécheresse, les températures extrêmes ou les feux de forêts. Seules les tempêtes génèrent des dépenses nettement supérieures. Les chiffres sont éloquents : entre 1980 et 2019, les espèces exotiques envahissantes entraînent des pertes économiques de 1208 milliards de dollars, contre 1914 Md$ pour les tempêtes, 1139 Md$ pour les tremblements de terre et 1120 Md$ pour les inondations. L'autre constat est que l'évolution de ces dépenses s'est accélérée et est plus rapide que celle d'autres aléas (hors tempêtes). L'accélération des coûts est notable à partir du début des années 2000. Cela s'explique notamment par le fait que les dégâts induits sont cumulatifs. Un exemple est celui de la moule zébrée qui a la capacité de se fixer sur de multiples substrats et colonise ainsi non seulement les coques de bateaux mais aussi les canalisations de centrales nucléaires. A noter que les coûts liés aux tempêtes connaissent eux-aussi une accélération (ces dernières années), mais sans doute liée cette fois-ci à la fréquence plus grande de ces phénomènes météorologiques exceptionnels du fait du réchauffement climatique. 
L'étude a enfin mis en exergue que les investissements dans les dispositifs de prévention et de gestion des invasions biologiques sont dix fois moins élevés que les pertes financières engendrées par ce phénomène. La prise de conscience de l'impact des espèces envahissantes au plan économique et sur la biodiversité qu'elles affaiblissent appelle donc au déploiement de plans d'actions et d'accords internationaux pour limiter la dissémination de ces espèces, et au développement de solutions nouvelles de lutte et de prévention, comme on en développe pour les catastrophes naturelles ou mêmes les feux de forêts.


Etude réalisée par l'exploitation de la base de données Invacost qui recense à ce jour plus de 13500 coûts dus aux invasions biologiques dans le monde et de la base de données internationale sur les catastrophes et de celle de l'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique. 

Contact chercheur : Franck.courchamp@cnrs.fr

"Biological invasions are as costly as natural hazards", avril-mai 2023, Perspectives in Ecology and Conservation