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03/04/2019

> Eaux

L’utilisation d’eau des grandes entreprises mondiales continuent d’augmenter

Une nouvelle analyse de la plateforme mondiale d’information environnementale CDP (Disclosure Insight Action) montre que les entreprises continuent de prélever davantage d’eau, et qu’elles sont rares à avoir mis en place des mesures pour réduire leur consommation, en dépit d’une conscience accrue des risques liés à cette ressource.

Le constat n’est pas très reluisant : selon une étude de recherche réalisée par la plateforme d’information non gouvernementale CDP, les grandes entreprises continuent de prélever toujours plus d’eau en dépit de leur conscience des risques liés à la raréfaction de la ressource.  C’est ce que montre le rapport « Treading Water » publié à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, a analysé les données sur l’eau de près de 800 sociétés cotées, employant plus de 36 millions de personnes dans le monde. Mais la réalité est assez compliquée. Le rapport souligne en effet que le nombre d’entreprises identifiant des risques liés à l’eau augmente d’année en année, 75 % d’entre elles signalant désormais une exposition à des risques substantiels liés à l’eau, contre 70 % en 2015. La majorité des risques signalés sont physiques (76 %), c’est-à-dire liés à la raréfaction de la ressource et à la dégradation de sa qualité. Les entreprises ont bien conscience que ces risques pourraient perturber leur production, causer des dommages aux marques et entraîner des pertes de licences d’exploitation dans certaines régions. Trois emplois sur 4 dans le monde dépendent d’un approvisionnement en eau fiable et les entreprises ont déclaré des pertes financières liées à l’eau atteignant 38 milliards de dollars en 2018. Et malgré ce constat très clair, et en conséquence le doublement d’entreprises ayant fixé des objectifs de réduction de leurs prélèvements, le nombre d’entreprises déclarant une augmentation de ces mêmes prélèvements a crû de près de 50 % au cours de la même période (2015-2018). Cette tendance est particulièrement prononcée pour les entreprises opérant en Asie et en Amérique latine, ainsi que dans les secteurs de l’alimentation, des boissons et de l’agriculture, de la fabrication et de l’extraction minière. Plus précisément, seules 31 des sociétés déclarantes ont réalisé suffisamment de progrès pour figurer dans la « la liste A pour la sécurité de l’eau » (Water security List) en 2018 dont 11 en Europe, 10 en Asie et 8 aux Etats-Unis. Pour figurer dans cette liste, les entreprises doivent démontrer qu’elles évaluent régulièrement leur exposition au risque eau mais aussi qu’elles mettent en œuvre des stratégies pour y faire face. Or par exemple 31 % seulement des entreprises ont par exemple fixé des objectifs à leurs cadres dirigeants. Au final, la grande distribution est le moins performant de tous les secteurs analysés dans le rapport, avec seulement 28 entreprises divulguant des informations sur les 117 sollicitées. En matière de transparence, il est donc derrière celui des combustibles fossiles, pour la première fois en neuf ans. Les distributeurs obtiennent également de mauvais résultats sur l’évaluation des risques et la gouvernance ou stratégie : seules 36 % des entreprises du secteur publient une politique de l’eau et 32 % entreprennent une évaluation complète des risques auxquels elles peuvent être confrontées. C’est d’autant plus dommage qu’en étant proche de la filière agricole (responsable de 70 % des prélèvements d’eau), cette filière peut avoir une fonction supplémentaire d’incitation et de stimulation, chez les producteurs de viande, les cultivateurs ou encore les teintureries du monde entier. En tout état de cause, avec 19 % des prélèvements d’eau, l’industrie peut réellement influer sur la gestion durable de la ressource en eau et par la même sécuriser son propre avenir. Sous réserve que le pli soit enfin pris.

 

Le rapport

https://www.cdp.net/en/research/global-reports/global-water-report-2018