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04/02/2020

> Consommation

Anti-gaspillage dans les entreprises : l'observatoire Comerso/Ipsos enregistre des pratiques en recul

L'étude 2020 Comerso & Ipsos qui dresse le bilan des actions anti-gaspillage et valorisation des déchets dans les entreprises souligne des pratiques en recul dans la grande distribution, perfectibles en agro-alimentaire et un manque d'anticipation de la part des surfaces spécialisées.

Alors que la loi sur l'économie circulaire a terminé son cycle parlementaire fin janvier, Comerso a diffusé les conclusions de son dernier baromètre sur l'anti-gaspillage, montrant un essoufflement des pratiques dans les secteurs qui ont déjà des obligations (Loi Garot de 2016 interdisant aux Grandes et Moyennes Surfaces de + de 400 m2 de jeter leurs invendus alimentaires encore consommables) et un manque d'appropriation et d'anticipation d'autres secteurs plus récemment concernés (notamment les industries agro-alimentaires et la restauration depuis le 1er janvier) ou qui le seront par la nouvelle loi (extension aux invendus non-alimentaires pour les GSS par exemple).

Quels enseignements ?

RSE : une finalité qui n'est pas acquise

La connaissance de la notion de RSE progresse cette année : 75% des GMS et GSS déclarent connaître la notion vs 61% en 2019. Pourtant, encore 38% des interviewés ne sont pas totalement convaincus de leur rôle à jouer - via leur entreprise - dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des écosystèmes. La finalité même de la RSE n'est donc pas encore totalement acquise dans les entreprises.

Loi d'économie circulaire : un périmètre bien identifié, mais un gros enjeu d'appropriation

Si les grandes thématiques couvertes par la loi d'économie circulaire sont plutôt bien identifiées par la plupart des acteurs, 40% des répondants estiment que la loi ne les concernera pas ou ne le savent pas. Chez les Grandes Surfaces Spécialisées, 48% ne savent pas que l'interdiction de jeter les invendus non-alimentaires est intégrée à la loi, cette mesure étant pourtant l'une des plus emblématiques, et dont les GSS sont les principales concernées.


Loi Garot : le paradoxe d'une efficacité reconnue et d'une application qui recule en GMS.

Alors qu'on fête les 4 ans de la Loi Garot, les GMS sont majoritairement convaincues par le bilan de cette loi : 78% lui reconnaissent son efficacité sur la diminution du gaspillage alimentaire. Pourtant seulement 17% des GMS adoptent la complémentarité des actions priorisées dans la loi (vs 28% en 2018 et 6% en 2017).

La loi Garot est en revanche très peu connue chez les industriels - 16% seulement - alors même que son périmètre a été étendu à ce secteur le 1er janvier 2020.


La lutte contre le gaspillage : un enjeu majeur pour les entreprises, mais une priorité et mobilisation en baisse en GMS et GSS

7/10, c'est la note de priorité donnée globalement par l'ensemble des acteurs à la lutte contre le gaspillage. Mais cette priorité recule en GMS et GSS ( -0.9pts vs 2018 chez ces 2 acteurs).
76% des acteurs estiment que la marge de progression reste importante.

En GMS : le secteur semble marquer un essoufflement dans les bonnes pratiques :

o   cette année, la loi Garot est moins bien appliquée (17% vs 28%) et la priorité donnée à l'Anti-Gaspi est en recul

o   même si le don aux associations reste pratiqué par une très large majorité (91%) cette pratique régresse cette année (rappel : 96% en 2018). La fréquence des collectes par les associations reste problématique : 58% des magasins ne sont pas collectés quotidiennement, alors qu'il s'agit d'un enjeu clef sur les produits frais.

A noter que le gaspillage non-alimentaire est un vrai sujet pour les GMS : à 79% elles sont confrontées à la problématique des stocks dormants non alimentaires.


En GSS : La sensibilité RSE et mobilisation Anti-Gaspi reste très modérée :

o   40% ne connaissent pas la notion de RSE,

o   42% ne se sentent pas concernées par la loi d'économie circulaire

o   Pour 67% la marge de progression dans la lutte Anti-Gaspi reste importante

Mais il est tout de même intéressant d'observer que certaines pratiques Anti-Gaspi progressent : notamment le don aux associations (63% vs 61% l'an dernier) ou le déstockage, pratiqué à 51% (+10%)


Dans les IAA : l'enjeu de la lutte Anti-Gaspi est important (7.4/10) mais 78% considèrent que la marge de progression reste importante.

Parmi les pratiques, on note 
la valorisation des déchets pour 93% et des biodéchets à 63%, le don aux associations, pratiqué à 67% et le déstockage à 51%


Les grands enjeux de l'Anti-Gaspillage et de la loi d'économie circulaire 

Ce baromètre permet de faire ressortir plusieurs grands enjeux :
- La RSE est une opportunité de levier économique, et l'identification de ce lien est probablement l'une des clefs principales pour qu'elle soit davantage déployée dans les entreprises. Il y a en tout cas une marge de progrès encore importante pour que les dirigeants d'entreprises prennent davantage en considération leur rôle à jouer dans les grands enjeux climatiques et de biodiversité.
- La lutte Anti-Gaspi, pour être efficiente, nécessite une mobilisation permanente, au risque de voir s'essouffler les bonnes pratiques comme c'est le cas cette année en GMS et GSS

- Au niveau légal, il reste un enjeu d'application de la loi Garot dans son intégralité. Quatre ans après sa mise en place, 17% des GMS seulement appliquent l'intégralité de la complémentarité des actions.
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Au sujet de la loi d'économie circulaire, l'enjeu va porter sur l'appropriation : comment aider / mieux faire comprendre que cette loi concerne toutes les entreprises ? Comment l'appréhender comme un terrain d'opportunités plutôt que de contraintes ?
- Au niveau du don aux associations, point de vigilance sur l'essoufflement observé côté GMS. Un enjeu de développement est également de rigueur côté GSS et IAA.
- Pour aller plus loin dans le développement des stratégies et des actions Anti-Gaspi, les entreprises remontent des difficultés de temps de gestion et de pilotage, de sécurité, de traçabilité des flux, d'identification des filières de revalorisation... Autant de sujets sur lesquels un accompagnement externe peut-être envisagé.